Réalisé en 1975, Great Jailbreak (Daidatsugoku) constitue le redémarrage d’une licence très populaire lors de la décennie précédente, Abashiri Prison, soit une série de 17 films – les 10 premiers déjà réalisés par Teruo Ishii – qui se déroulaient dans la prison d’Abashiri, située dans la région montagneuse d’Hokkaïdo et construite au XIXème siècle pour enfermer des prisonniers politiques. Ces films proposaient des récits d’évasion et de guerres des gangs, dans un décor immuable. Great Jailbreak reprend dans les grandes lignes un schéma narratif identique « évasion + vengeance », toujours dans des paysages enneigés et avec la figure du yakuza chevaleresque et solitaire interprété par Ken Takakura, mais avec un surplus de violence et de mélancolie. Un groupe de prisonniers s’évadent de la prison d’Abashiri. Parmi eux, Ichiro, qui souhaite retrouver la trace de ceux qui l’ont trahi. Great Jailbreak est beau film crépusculaire, très inspiré sur le plan visuel et signé Teruo Ishii. Ce touche-à-tout du cinéma d’exploitation, extrêmement talentueux, est surtout connu des pour ses films érotiques (et plus précisément la sous-catégorie « ero-guro ») comme Femmes criminelles, L’Effrayant Docteur Hijikata ou L’Enfer des tortures. Great Jailbreak met en scène deux des plus grandes vedettes du cinéma de genre nippon, Ken Takakura et Bunta Sugawara, qui rivalisent de charisme.
L’éditeur Roboto Films est spécialisé dans le cinéma japonais de patrimoine, plutôt orienté vers le côté bis de la production de ce pays. Il propose un combo DVD/Blu-ray de qualité, avec un accompagnement éditorial de bon niveau. En plus des suppléments filmés, on peut lire un livret, excellent et bien illustré, qui recueille des analyses de spécialistes : Ken Takakura et les années 70, une star du ninkyo dans une époque jitsuroku par Pauline Martyn, experte britannique des films de gangsters japonais ; Le best of de Teruo Ishii par Nathan Stuart, érudit de la Toei.
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