Spectrum films poursuit son travail de redécouverte et de restauration de l’œuvre de King Hu, l’un des cinéastes chinois les plus importants. King Hu (1932-1997) a travaillé à Hong Kong mais aussi à Taiwan. A Touch of Zen lui apporta une reconnaissance internationale tardive (bien que distribué en 1970 en Chine, il fut sélectionné au Festival de Cannes en 1975). Après un premier coffret qui regroupait le magnifique Raining in the Mountain (1979) et d’autres films moins connus, ce coffret permet de vérifier que Come Drink With Me (L’Hirondelle d’or, 1966) est certainement le chef-d’œuvre de King Hu. Ce film produit par la Shaw Brothers a révolutionné le « wu xia pian » (film de sabre chinois) et révélé la star du genre Chen Pei Pei. Le coffret vient aussi rappeler le caractère erratique de la filmographie de King Hu, qui a connu quelques triomphes commerciaux au début de sa carrière (The Love Eterne et Come Drink With Me) mais aussi des échecs sans appel et beaucoup de difficultés avec ses producteurs qui lui reprochaient ses dépassements de budget et de temps de tournage. King Hu peut ainsi être considéré comme un auteur maudit qui a été obligé de quitter la Shaw Bros qui lui reprochait son perfectionnisme et sa lenteur. Parmi les cinq films proposés par ce coffret, Come Drink With Me est donc le plus beau et le plus important. Il est souvent difficile en appréhendant le cinéma de Hong Kong de séparer les notions de films de studios, films de genre ou films d’auteur. Come Drink With Me peut se réclamer de ces trois catégories, et porte la marque d’un cinéaste calligraphe, qui confine une intrigue d’espionnage dans une auberge et offre à une jeune femme le rôle d’une super combattante, artiste martiale invincible. L’autre film majeur de ce coffret est plus rare : Sons of Good Earth (1965), inédit en France, est le deuxième long métrage de King Hu, lui aussi produit par la Shaw. Film atypique dans la carrière du cinéaste (et la ligne éditoriale du studio), il s’agit d’un film de guerre à gros budget sur la résistance chinoise pendant l’occupation japonaise dans les années 30. Sons of Good Earth débute comme un mélodrame historique et se termine en bataille sanglante et spectaculaire, trois ans avant La Horde sauvage. Après son départ de la Shaw et l’échec commercial de son très ambitieux A Touch of Zen, King Hu est contraint d’accepter des commandes et des productions plus modestes, comme le montre sa participation à deux films collectifs à sketches dans les années 70 (Four Moods) et 80 (The Wheel of Life). Le premier réunit quatre histoires de fantômes (le segment de King Hu, le seul qui ne soit pas fantastique, tranche avec les autres), le second aborde le thème de la réincarnation. Painted Skin (1992), son dernier film est plutôt anecdotique. Il entérine le déclin du cinéaste, à une époque où ses admirateurs (Tsui Hark, Ann Hui, Ching Siu-tung…) prennent le relais et participent à un nouvel âge d’or du cinéma de Hong Kong. Il meurt le 14 janvier 1997 à Taipei, sans avoir réussi à faire produire ses derniers projets personnels.
Combo BR/UHD. Come Drink With Me est proposé dans une sublime copie UHD, en 4K pour la première fois au monde. Les autres films sont en BR uniquement. Ce coffret collector contient également le fac-similé version compacte du mythique hors-série des Cahiers du cinéma, « Made in Hong Kong », conçu par Olivier Assayas et Charles Tesson (présents dans les bonus), publié en 1984 et épuisé depuis longtemps. Ce numéro constitué d’un carnet de voyage et d’entretiens avec des cinéastes, parmi lesquels King Hu, constitue l’acte fondateur de la curiosité de la critique française pour le cinéma hongkongais.
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