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Le Kimono pourpre de Samuel Fuller

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Grâce à l’éditeur Sidonis on peut désormais se procurer en DVD un film de Samuel Fuller inédit en France, Le Kimono pourpre (The Crimson Kimono, 1959). Sous des allures de polar « hard boiled » qui démarre sur des chapeaux de roue – une effeuilleuse à moitié nue tuée par balle alors qu’elle courait en hurlant en pleine rue – se cache le film le plus sentimental de Fuller.

Malgré cette introduction tonitruante Le Kimono pourpre n’est pas une histoire de bruit et de fureur, mais plutôt de tourments intimes, d’amour et d’amitié. En effet, l’intrigue criminelle n’est qu’un alibi pour parler du racisme – un sujet que Fuller a régulièrement traité dans ses films, du Jugement des flèches à Dressé pour tuer. Le cinéaste met en scène la solide relation d’amitié entre deux inspecteurs, l’un américain pure souche, l’autre « nisei », terme qui désigne les Japonais américains. Les deux hommes sont inséparables depuis la guerre de Corée, au point de partager le même appartement. Leur relation idyllique est bientôt contrariée par l’intrusion d’une séduisante artiste, rencontrée lors d’une enquête sur le meurtre d’une strip-teaseuse à Little Tokyo. La jalousie, la suspicion, les préjugés vont s’immiscer entre les deux amis, tandis que le cœur de la jeune femme balance de l’un à l’autre. L’exploration de la communauté japonaise de ce quartier de Los Angeles rappelle l’intérêt de Fuller pour la culture et les traditions du Japon, pays où il avait tourné la magnifique Maison de bambou en 1955. Une des scènes les plus marquantes du film est un combat de Kendo au cours duquel les deux policiers laissent éclater la colère et le ressentiment qui les animent. C’est le moment le plus violent d’un film dans lequel Fuller, sans perdre son punch, se montre moins baroque et déchainé qu’à l’accoutumée. C’est avec sensibilité, délicatesse et sans fausse pudeur qu’il montre la naissance d’un couple pluriethnique. Il est évident que l’absence de grandes vedettes au générique et la modestie du budget ont permis à Fuller de conserver son indépendance et de filmer sans devoir rendre trop de comptes à la Columbia un sujet audacieux pour l’époque, avec une conclusion courageuse et surprenante. Sans être un chef-d’œuvre, Le Kimono pourpre n’est pas un film mineur dans la carrière de Fuller et mérite de figurer parmi les réussites et les titres à redécouvrir de l’auteur de Shock Corridor.

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