
Dans le cadre de son Summer of Scandals ARTE diffuse La Horde sauvage (The Wild Bunch, 1969) de Sam Peckinpah.
En 1969 le triomphe de La Horde sauvage propulse Sam Peckinaph au rang des réalisateurs vedettes de l’époque, aux côtés de Stanley Kubrick ou Sergio Leone.
La Horde sauvage relate la dernière chevauchée d’une bande de hors-la-loi vieillissants traqués par des chasseurs de prime, avec au bout du chemin un carnage mémorable par sa cruauté, sa longueur et ses jets d’hémoglobine. Nous sommes en 1913, au Texas. Le film s’ouvre également par un massacre, dans la rue principale d’une petite ville, lors du hold-up d’une banque qui tourne mal. Entre ces deux morceaux de bravoure, Peckinpah prend soin de ralentir l’action et de retarder l’issue tragique de son histoire, qui se terminera de l’autre côté de la frontière, dans un Mexique en proie à la dictature. Deke Thornton (Robert Ryan), l’homme qui poursuit Pike Bishop (William Holden) est son ancien frère d’armes, de la même génération fatiguée et dépassée par l’arrivée du XXème siècle. Il n’est guère pressé de mettre un terme à la cavale de son ancien ami, comme plus tard dans l’œuvre de Peckinpah Pat Garrett contraint de pourchasser puis de tuer Billy le Kid.
La Horde sauvage, dans lequel Peckinpah procède à une révolution formelle, entérine le chant du cygne du western, un genre « américain par excellence ». La dilatation de la durée, l’usage du ralenti et d’effets de montage syncopés dans les scènes de violence, un ton désenchanté deviendront la marque d’un cinéma baroque. La Horde sauvage est synchrone avec une Amérique bouleversée par les images insoutenables de la guerre du Vietnam déversées chaque soir par la télévision, un pays dont les valeurs fondatrices s’étiolent et qui traverse une grave crise morale et politique. La Horde sauvage est le reflet de son époque. C’est aussi l’affirmation de l’importance d’un grand cinéaste, qui va consacrer presque toute sa filmographie à l’étude du chaos et de la violence. Ce n’est peut-être pas le meilleur film de Peckinpah, mais l’un des seuls du cinéaste qui put prétendre instantanément au statut de classique, en raison de son accomplissement formel et de son succès international. La Horde sauvage connut des déboires avec la censure mais malgré quelques coupes (rétablies depuis) le cinéaste parvint à délivrer un film fidèle à sa vision et à ses intentions, contrairement à la plupart de ses autres longs métrages, qui souffriront de batailles perdues avec les studios ou les producteurs, qui dénatureront le travail du cinéaste, tenteront d’en atténuer le nihilisme et l’ambition stylistique. Dans La Horde sauvage Peckinpah développe certaines thématiques et élabore une esthétique qui vont non seulement imprégner ses films suivants, des Chiens de paille à Osterman week-end, mais aussi révolutionner durablement tout le cinéma américain, et le cinéma d’action en général, de l’Europe jusqu’à l’Asie.

William Holden dans La Horde sauvage de Sam Peckinpah
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